Oser inventer l'avenir

Per ottenere un cambiamento radicale bisogna avere il coraggio di inventare l'avvenire. Noi dobbiamo osare inventare l'avvenire. Tutto quello che viene dall'imaginazione dell'uomo è per l'uomo realizzabile, di questo sono convinto.

Thomas Sankara


Camarades de la Révolution démocratique et populaire, avant toute chose, je voudrais demander à chacun de nous d’observer une minute de silence, minute de silence en hommage à la mémoire de nos chers disparus, tous ceux qui, connus ou inconnus, ont payé de leur sang pour qu’aujourd’hui nous puissions fêter l’An Il de la RDP.
Je vous remercie, honorables invités du Burkina Faso, représentant le gouvernement de la République du Mali, représentant le gouvernement de la République française, représentant la Jamahiriya arabe libyenne populaire, représentant la République du Ghana.
Chers amis, camarades militantes et militants de la RDP, lorsqu’il y a un an jour pour jour, je m’adressais à vous peuple burkinabè de toutes conditions pour vous apporter le salut militant de la RDP, je mesurais certes le chemin parcouru en un an, j’appréciais comme vous la résolution et la fermeté révolutionnaire dans l’enthousiasme autour du Conseil National de la Révolution (CNR) pour annoncer de nouvelles rives face au vaste océan de menaces et d’efforts. Je n’étais alors que convaincu de la justesse de notre cause. Seule était présente en moi, la croyance que le but de nôtre révolution était la révolution elle-même, c’est-à-dire, cette recherche constante du bonheur de notre peuple, cette montée de la vie, cette création continue de formes colorées de clairs paysages sur les ruines des murailles qui nous maintenaient prisonniers.
Le deuxième anniversaire de la victoire révolutionnaire et populaire du 4 août 1983 ponctue une étape qualitative nouvelle dans notre marche en avant. C’est pourquoi sa célébration doit revêtir dans tous ses aspects une marque supplémentaire de maturité et de lucidité dans notre méthode de penser nos problèmes et notre façon de les résoudre.
Malgré l’extraordinaire mobilisation de nos masses pour déplacer des montagnes, nous sentions que nous avancions encore dans une demi-obscurité tiède où se croisaient les bons sentiments, la générosité, un monde mal délimité d’où allaient surgir menaçants et toutefois pleins d’attirances des difficultés et des sacrifices qui pouvaient être vains.
Mais aujourd’hui, date de notre deuxième anniversaire, nous affirmons, à partir de ce que le monde entier et le peuple burkinabé en particulier voient et constatent, que le premier élan révolutionnaire d’août 1983, fruit d’un effort qui rend fier et console était nécessaire, puisqu’il nous a conduits vers plus de lumière, rendu possible notre dignité et notre indépendance. L’œuvre bâtie était utile. Nous avons maintenant raison d’être résolument optimistes.
Il ne s’agit pas simplement de dresser des bilans que nous n’avons aucune envie de trompéter, mais de la certitude acquise du cours de ces deux années de lutte au côté du peuple burkinabè qu’il s’est passé ici au Burkina Faso, des preuves qu’il est désormais possible de bâtir un monde nouveau à la condition de vouloir l’édifier sur des bouleversements considérés jusqu’ici comme inimaginables, à la condition aussi de parvenir à associer à ces transformations le plus grand nombre.
Il est évident que le Faso est devenu un vaste chantier et même au moment où je vous parle, quelque part, des femmes, des hommes et des enfants mobilisés dans leurs comités de défense de la révolution sont en train de commencer ou d’achever une école, un dispensaire ou une retendue d’eau. Des cités du 4 août ou de l’An II s’ouvrent, des magasins populaires Faso Yaar s’inaugurent, des travaux d’intérêt commun se mènent, etc.
Le travail productif et libérateur commence à être accepté et compris comme la condition première et la garantie essentielle de l’amélioration concrète de nos conditions de vie. Nous avons le droit et le devoir d’en être fiers. Nous avons le droit et le devoir d’exiger plus de nous-mêmes et d’oser réaliser encore plus pour trans-former nos conditions matérielles de vie. Chaque Burkinabè sait qu’aujourd’hui, il travaille et il produit pour lui-même, pour ses enfants et pour sa patrie.
Au regard de tout ce qui reste à construire, ce qui est fait aujourd’hui ne représente qu’un test positif de notre détermination à rejeter définitivement l’idéologie de soumission, de mendicité et d’attentisme, de fatalisme qui caractérise toute société sous domination étrangère.
Le bilan de l’An II de la RDP doit être principalement axé sur l’évaluation objective du degré de transformation de l’homme burkinabè qui doit construire le Faso nouveau et sa société nouvelle.
Jusqu’à quel niveau nos principes et nos idées de justice, d’amour, liberté et d’honnêteté dans la recherche légitime du bienêtre, ont-ils pénétré dans nos consciences? Jusqu’à quel niveau ces principes et ces idées révolutionnaires se manifestent-ils dans notre vie quotidienne, privée ou publique? Jusqu’à quel niveau, ces principes se traduisent-ils effectivement dans nos relations sociales et professionnelles, dans la rue, au bureau, à la caserne et sur les chantiers?
Tout en nous réjouissant de nos conquêtes définitivement arrachées à l’impérialisme, portons à la conscience de tous que la révolution peut être autre nature que rythme brisé, symphonie, manifestation esthétique, intéressante en son jaillissement, mais totalement dépourvue lorsque retombant sur elle-même, elle se pétrifie. Certes comparée à tous les régimes du passé, nos réalisations en deux années de labeur populaire sont au-delà de toute attente.
Laissons parler nos contempleurs et leur presse à qui nos mille succès interdisent de masquer nos progrès, de s’enfermer dans le silence indifférent et malhonnêtement voilant, sinon que de nous reconnaître nos mérites. Et même lorsqu’ils tentent de dénaturer la réalité, les faits têtus, notre meilleure arme, est là qui nous défend et leur arrache des applaudissements à leur corps défendant. Mais notre fidélité aux principes affirmés tant dans la proclamation du 4 août que dans le Discours d’Orientation Politique du 2 octobre 1983 n’aura de sens que si nous parvenons à réaliser une société en totale harmonie avec elle-même.
Dans le Discours d’Orientation Politique au chapitre touchant à la "révolutionnarisation de tous les secteurs de la société burkinabé » nous écrivons : citation « la Révolution d’août ne vise pas à instaurer un régime de plus en Haute-Volta. Elle vient en rupture avec tous les régimes connus jusqu’à présent. Elle a pour objectif final l’édification d’une société voltaïque nouvelle au sein de laquelle le citoyen voltaïque animé d’une conscience révolutionnaire sera l’artisan de son propre bonheur, un bonheur à la hauteur des efforts qu’il aurait consentis. Pour ce faire, la révolution sera, n’en déplaise aux forces conservatrices et rétrogrades, un bouleversement total et profond qui n’épargnera aucun domaine, aucun secteur de l’activité économique, sociale et culturelle. La révolutionnarisation de tous les domaines, de tous les secteurs d’activité, est le mot d’ordre qui correspond au moment présent. Fort de la ligne directrice ainsi dégagée, chaque citoyen, à quelque niveau qu’il se trouve, doit entreprendre de révolutionnariser son secteur d’activité".
La mission est tracée. Elle est claire. Qu’en a été l’exécution? Nous avons à notre actif, des acquis non négligeables. Passons-en quelques-uns en revue:

- La réforme agraire et foncière a brisé l’exploitation féodale et rétabli le peuple dans son droit à la terre et dans celui de disposer des fruits de sa production.

- Des champs collectifs, créés par les agents de l’administration ont vu récemment le jour et où, tout en participant même de façon gauche, des hommes et des femmes apprennent ou réapprennent le travail de la terre. Ils en découvrent les joies cachées qu’ils ne manqueront pas de savourer même à la retraite et nos opérateurs économiques ont été intéressés à l’agriculture.

- Le Burkinabè a compris comme une nécessité vitale pour l’économie et l’environnement, la préservation de la nature, notamment par un reboisement intensif, l’abandon de la pratique destructive des feux de brousse et de la divagation des animaux, prédateurs de notre verdure.

- Le monde paysan est de plus en plus consulté et il participe plus étroitement à l’exercice du pouvoir économique, notamment par la fixation des prix des produits agricoles.

- Les diverses foires provinciales qui se sont tenues au cours de cette année tout en révélant nos immenses potentialités agro-pastorales et industrielles, sont un facteur certain de promotion de notre économie.

- Sur le front social, et pour répondre au problème du logement, nous avons construit des cités, entrepris des lotissements à grande échelle sur toute l’étendue du territoire.

- Dans le domaine de la santé, des structures décentralisées ont été mises en place afin de faciliter et de promouvoir un mieux-être dans les communautés de base. La vaccination commando reste encore dans nos mémoires comme un effort gigantesque et une réussite pour barrer la route à la maladie. Cette vaccination commando et la grande bataille du rail sont de ces audaces que seule la révolution permet.

- Sur le plan financier, un effort d’assainissement a été opéré au niveau de certains services, notamment la Douane. L’Etat fait face de plus en plus intégralement à ses obligations financières intérieures et extérieures grâce aux sacrifices consentis par tous, mais aussi à une plus grande rigueur dans la gestion.

- Sur le front de la justice, les TPR ont imposé une morale nouvelle conforme aux intérêts du peuple. L’administration pénitentiaire a été réorganisée afin de permettre aux détenus, force potentielle, de devenir productifs et de s’amender vis-à-vis de la société. C’est ainsi qu’a Baporo, 40 détenus exploitent brillamment 50 ha, confirmant ainsi qu’il est possible de bâtir une morale de progrès quand l’homme est déterminé à mériter le pardon populaire.

- Nous avons renoué avec le sport, le sens de l’effort et nous avons montré notre volonté de revaloriser notre patrimoine culturel. L’une de nos initiatives dans ce sens est l’institution de la Semaine nationale de la culture dont la 3ème édition aura lieu à Bobo-Dioulasso au début de l’année 1986.

Et si nous prenons la peine de transcender les lieux communs et les propos irresponsables qui parlent de peur sinon de terreur dans nos services administratifs, il existe une morale et une éthique nouvelle que les enseignements des Tribunaux populaires de la révolution nous ont aidé à mettre en marche.
Le fonctionnaire responsable, honnête et courageux est fier d’avoir été hier et de demeurer aujourd’hui encore propre moralement. Il va et vient en toute liberté, marche la tête haute et fait figure de travailleur modèle, digne et respecté dans notre société. Il se délecte à écouter la radio lors des procès. La conscience tranquille, il ne redoute nullement d’être convoqué à comparaître. Et même s’il était, ce serait avec fierté qu’il se précipiterait devant les juges pour aider à la manifestation de la vérité en révélant les dessous sordides des gloutons d’hier.
De nombreux Burkinabé sont aujourd’hui heureux que par le biais des TPR, la probité, l’humilité, le respect de la chose publique aient été mis à l’honneur. Ils sont heureux eux qui hier ressemblaient aux dindons de la farce parce qu’ils se refusaient à choir dans la gangue de la cupidité, de l’irresponsabilité et des vices d’hier.
Par contre, ceux qui n’ont pas la conscience tranquille perdent le sommeil et recherchent la première oreille complaisante ou complice pour souffler que "tout le monde a peur, on ne peut pas ou on ne peut plus travailler en paix, on dégage n’importe comment et c’est la terreur."
Mais nous devons continuer et nous allons continuer à épurer l’administration de ceux-là qui veulent être payés à ne rien faire d’autre que la recherche des failles pour détourner les biens du peuple.
Rappelons-nous cet agent qui, face aux TPR disait effrontément que lorsqu’il arrivait à Ouagadougou pour soi-disant verser les impôts des paysans au Trésor, il commençait par faire un tour dans un bar. Ces tours ont totalisé la bagatelle de 9 millions de francs CFA de détournement. Non seulement il vole l’argent et le dilapide, mais il prétend avoir une nombreuse famille à nourrir pour attirer la pitié du tribunal et de l’opinion. Et ces paysans auxquels on a volé cet argent? Ils sont sept millions et on veut les opposer à une seule famille pour justifier le fait de les avoir rançonnés jusqu’au dernier centime? La commisération que suscite la famille éplorée du dégagé ne peut faire oublier la pitié due à tout un peuple victime de la privation que lui impose l’irresponsable.
Notre société est en train de mûrir, de se souder et les Burikinabè commencent à comprendre et à accepter la nécessité de la solidarité au-delà de la petite cellule familiale, tribale ou villageoise.
Lorsque les enfants de Ouagadougou ou les femmes de Orodara cotisent pour aider les sinistrés de Gorom-Gorom ou d’ailleurs, cela est un signe qui ne trompe pas. Nous devenons chaque jour, de véritables frères, les uns pour les autres.
Lorsque des militants CDR venus de différentes provinces construisent le canal du Sourou ou posent les rails pour le chemin de fer du Sahel, ils ne pensent plus à leur région ou à leur province d’origine. Ils pensent au Faso en entier, à son progrès, à son développement, au profit de tous ses fils.
La noblesse de tous ces gestes et de toutes ces actions collectives, l’enthousiasme dans le travail et la fierté de bâtir dans le sacrifice et la souffrance physique, doivent nous donner chaque jour, beaucoup plus de confiance en l’avenir, car nous apprenons à compter sur nos propres forces unies et orientées vers la recherche d’un bonheur légitime et juste.
On entend de moins en moins, les voix paresseuses, habituées à tendre la main vers les autres pays pour obtenir la pitance alimentaire, souvent objet de honteuses spéculations et de chantages vils, entre nous-mêmes et entre nous et les pays étrangers.
Pour le bonheur du plus grand nombre, ces mesures quelles que terribles qu’elles fussent, il fallait les prendre. Nous les avons prises. Mais c’est très certainement le lieu de dire quelle peine nous ressentions en décidant ainsi. Combien tout au long de l’année nous avons souffert avec ces centaines de familles bousculées dans leurs habitudes, dérangées dans leurs mentalités et obligées d’opérer des réajustements psychologiques douloureux, afin de vivre au niveau réel de notre pays.
Nous avons fait beaucoup de choses ensemble, de petites comme de grandes réalisations. Mais nous ne voulons pas étaler ici un catalogue de succès. Et si nous avons des motifs de joie, il y a aussi des points d’ombre qu’il nous appartient d’éclairer afin de mieux les connaître et parfaire notre démarche révolutionnaire.
Camarades, vous l’avez noté, j’ai voulu à la place d’une litanie de succès matériels, relater ici ce qui me parait avoir le plus frappé l’esprit du Burkinabé, pour développer cette mentalité nouvelle, condition "sine qua non" de toute révolutionnarisation. A la place des dispensaires et dépôts pharmaceutiques nous pourrions même réaliser d’immenses hôpitaux complexes et sophistiqués, que le progrès, le vrai, ne sera pas pour autant atteint tant que l’homme n’aura pas été transformé lui aussi.
La société nouvelle exige des mentalités nouvelles. C’est pourquoi il faut courageusement se livrer à un examen sans complaisance de nos deux ans de RDP. Qu’est-ce qui mérite d’être changé dans nos habitudes, dans notre façon d’être révolutionnaire?
D’abord le pouvoir populaire: acquis principal de la RDP, il s’exerce de façon insuffisamment correcte. C’est le cas au niveau des CDR géographiques. Conséquence du degré des maturités politiques, le subjectivisme et les abus sont vite apparus. C’est ainsi que les vexations, les frustrations, les contrariétés diverses, ont entaché le dialogue de construction nationale entre CDR et personnes encore hésitantes vis-à-vis de la RDP. Lorsque de véritables accidents et incidents sont venus s’ajouter, nos ennemis ont eu force quantité d’eau à leur moulin de dénigre¬ment, d’intoxication contre nous.
A l’an III de la RDP, nous devrons corriger sérieusement ces égarements pour lesquels nous avons mille excuses, la révolution n’étant pas une garden-party de snobs dandies aux gants blancs! Il nous faudra extirper des rangs de nos CDR les aventuriers, les imposteurs et les tartuffes opportunistes, situationnistes; ils sont incapables de lutte conséquente.
C’est de leurs rangs que se dégagent les néo-féodaux, les triomphalistes et les phraséologues platement ambitieux et exerçant le pouvoir comme un droit dynastique, leur préoccupation révolutionnaire se résume à s’assurer d’étroites relations au niveau des dirigeants les plus hauts placés. Ces seigneurs de guerre-là, ces anciens combattants du dernier show de spectacle réactionnaire de "votez pour moi" devront être pris en main, formés, voire transformés.
Au niveau des CDR de service, de vigoureux correctifs devront être apportés. Après s’être d’abord détournés de nos CDR, certains activistes d’aujourd’hui ont découvert la puissance de cette structure. Spécialistes des slaloms géants, ils n’ont pas hésité à changer subrepticement de caps autant de fois que cela était nécessaire pour se retrouver dans les instances dirigeantes des CDR de service. Il faut dénoncer ouvertement leur équilibrisme et leur habileté à masquer des appétits petits-bourgeois qu’ils dénoncent cependant très fort. Ceux qui utilisent le CDR de service pour s’assurer une promotion fulgurante, une position d’intouchables dans les services et un moyen de règlement de compte devront être aussi recyclés sinon éjectés. Incapables d’assurer courageusement les mesures révolutionnaires qu’ils contribuent à faire adopter, ils se répandent en démagogie et couardise à chaque difficulté.
C’est pourquoi ils redoutent souvent d’avoir à se prononcer sur les cas litigieux délicats, comme la notation. D’autres par un verbiage envahissant constituent de véritables blocages pour paralyser les services. Ces individus devront céder la place aux vrais et combatifs CDR.
Du côté militaire, le laisser-aller, le goût de la facilité vicieuse, le prétexte de manque de moyens, doivent céder la place à un esprit encore insuffisamment spartiate, malgré les bonds réalisés dans l’acquisition d’une plus grande valeur opérationnelle.
Aux forces de l’ordre militaires et paramilitaires, il convient d’indiquer avec insistance que l’agent révolutionnaire de sécurité ne saurait se confondre avec le barbare soudard répressif et inhumain d’hier. Au contraire, la courtoisie, l’amabilité, la serviabilité et un rien de coquetterie achèvent d’ôter à nos forces de sécurité publique une image répulsive sans entamer en rien leur fermeté et leur vigilance.
Dans, notre administration, malgré des succès incontestables, on trouve çà et là la bureaucratie néocoloniale, la paresse, les retards, l’absentéisme, l’incompétence et le manque d’esprit d’initiative qui se traduisent par l’obsession pour les textes. Au lieu de mettre le peuple au-dessus des textes, des agents font le contraire, ils placent les textes au-dessus du peuple. Ils utilisent les textes pour combattre les intérêts des masses et rechercher des pots-de-vin. Le népotisme et le trafic d’influence se rencontrent encore dans notre administration.
Des dirigeants cherchent déjà à créer une nomenklatura et exigent d’être entourés de tout un cordon protocolaire afin d’éviter les critiques et les débats avec les masses. C’est le chemin de l’embourgeoisement qui nous tend la main, avec l’esprit de facilité et de manque de rigueur révolutionnaire dans sa vie privée et publique.
Si, pour favoriser la création, il a fallu laisser libre cours à la fermentation des esprits sans entraves aucune, force est de reconnaître que l’improvisation est encore une composante trop importante de nos méthodes de travail. Nous avons par fois voulu aller très vite et même trop vite. La machine a été soumise à rude épreuve. Mais qu’est-ce que aller trop vite quand on a vingt-trois ans de retard à combler!? L’abattement et l’hésitation ont parfois troublé notre marche, ce n’est pas normal, car la RDP est hardiesse.
Il existe encore beaucoup de défauts, des carences et même des comportements très graves dans la gestion du pou- voir populaire. Le non-respect du centralisme démocratique n’est pas des moindres. De ces défaillances il faut parler et encourager les militants à en parler. Il faut les étaler au grand jour. Les révolutionnaires n’ont pas peur de reconnaître leurs faiblesses et leurs défauts, même face à nos adversaires et nos ennemis. C’est la seule façon aussi de prendre l’engagement de combattre ces défauts publiquement.
En rapport avec les hauts responsables, il existe encore des camarades qui exploitent malhonnêtement la confiance du CNR pour se livrer à des trafics d’influence, à des magouilles pour placer, une sœur, une cousine ou un ami personnel à tel ou tel poste. Ce n’est pas normal. Il faut dénoncer courageusement ces pratiques pour avancer dans la voie révolutionnaire, réussir notre travail de transformation des mentalités et construire une société nouvelle.
Mais, que l’on ne se méprenne guère. Mon propos n’est ni un constat d’échec ni de l’amertume. Révolutionnaire, je ne fais qu’appliquer un principe si cher à tous ceux que la percutante clairvoyance et la rigueur organisationnelle de Lénine guident chaque jour. Ne disait-il pas que la pratique de la critique et l’autocritique est le critère le meilleur pour apprécier le sérieux d’une organisation!? Et si je me suis décidé à livrer publiquement mes appréciations c’est bien parce que je sais qu’il ne viendrait à l’idée de, personne de se prétendre plus propre que nous.
Pays des hommes intègres, nous traquons des citoyens pour un bol de riz volé quand ailleurs la triste époque des officiers détourneurs d’aides alimentaires continue de battre son plein impunément. Tout le monde sait que le moindre sou vaillant conduit un homme en prison alors qu’ailleurs des milliards se volatilisent comme dans un roman d’une sarabande burlesque de sangsues. Nos mesures draconiennes ont été imitées ailleurs mais appliquées de façon impopulaire. Car tout en faisant fi des droits d’auteur en la matière il nous importe de faire ressortir qu’alors qu’ici les sacrifices profitent au peuple et à lui seul, nos imitateurs eux destinent à leur oligarchie les profits que les efforts du peuple ont procurés. Malheur aux imitateurs.
Camarades; l’an III de la RDP s’annonce pour nous sous les auspices d’une confiance créatrice. Nous avons labouré et semé, la moisson est prometteuse, mais les greniers ne s’empliront que si nous menons nos efforts jusqu’au bout. Il serait prématuré de s’écouter et de penser à une pause. Cet abandon momentané dans notre course de fond pourrait annihiler notre labeur de deux ans; alors il sera demandé à chacun de ne point débander ses muscles. Le PPD que nous allons bientôt achever, le plan quinquennal dont nous allons bientôt terminer la rédaction, le budget 1986 que dans les prochains jours nous allons élaborer seront de meilleures occasions pour énoncer les transformations matérielles pour lesquelles nous nous engagerons tout au long de l’an III et des autres années à venir.
Pour l’heure, je me bornerais à vous indiquer ce que tout au long de l’an III de la RDP nous nous attacherons à adopter comme comportement. Du plus petit geste anodin à la décision plus ou moins importante tout s’épouse harmonieuse- ment pour construire un pan entier de notre future identité.
La bataille pour un Burkina vert qui a débuté sur un rythme d’intense mobilisation devra se poursuivre. La victoire dans les trois luttes à savoir: lutte contre la divagation des animaux, lutte contre la coupe anarchique du bois, action de reforestation, cette victoire-là ne s’obtiendra et ne se garantira que si chaque Burkinabè acquiert des réflexes de protection de la nature. C’est pourquoi tout en invitant chacun à entreprendre une production agricole, je voudrais surtout inviter chaque ménagère à entretenir chez elle un jardin potager quel qu’en soit la taille. La récupération des eaux usées lui permettra la production des légumes d’appoint et offrira à chaque enfant même des villes l’occasion d’entretenir des plantes. Je rappelle à tous le mot d’ordre d’un bosquet par village, les aménagements d’espaces verts dans les villes. Au sujet de nos villes j’invite tout un chacun à l’usage massif de la chaux blanche qui en plus de son pouvoir aseptique présente l’avantage de familiariser très rapidement les esprits au respect de la propreté, de la netteté et de l’ordre.
Dans les secteurs, dans les villages, le niveau des CDR et de leurs responsables sera jugé en partie et en fonction du respect de ces mots d’ordre. Prenons l’engagement de ne plus cracher dans les lieux publics pour ne plus indisposer d’autres personnes, et évitant ainsi de propager des maladies. Généralisons les poubelles par famille et respectons celles qui seront désormais aux lieux publics.
Les loyers prévus pour, reprendre en 1986, chacun devra se forcer de se bâtir une maison ou d’avoir son appartement à la SOCOGIB. Afin de garantir l’efficacité de l’utilité de nos CDR d’une part, des agents de l’Etat d’autre part, une structure crée: par le CNR recevra les doléances et ou les suggestions que tout un chacun voudra bien exprimer. Cette structure aura à connaître du comportement des agents de l’Etat dont la médiocrité pénalise d’innocents militants. 10% de ces agents concentrés à Ouagadougou seront envoyés en province où les hauts commissaires ne manqueront pas d’apprécier leur talent et leur utilité.
Parce que nous voulons une société saine, bien équilibrée, assurée sur ses jambes, fraîche d’esprit et de corps, la RDP a décidé d’introduire le sport à tous les niveaux de la vie de ce pays. Tous les établissements scolaires des villes et des campagnes, tous les ministères, toutes les structures administratives publiques et parapubliques seront désormais concernées par le sport.
Nous voulons un peuple équilibré, disponible, ayant l’esprit d’équipe, le sens du fair-play, de l’ouverture et de la communication. Il a été décidé que le sport sera au cœur de toutes les préoccupations des Burkinabè. Chaque agent de l’Etat burkinabé sera jugé non seulement en fonction de ses compétences, mais également de l’intérêt qu’il porte au sport, Le sport jouera dans son avancement professionnel, il jouera en un mot dans sa vie. En nous amenant à nous surpasser à chaque épreuve, le sport cultivera en nous l’esprit de combativité.
La société idéale à laquelle nous aspirons est loin d’être atteinte. C’est pourquoi il existe toujours des sanctions administratives d’avertissement, de suspension, de dégagement et de licenciement. Car il existe encore des fonctionnaires peu enclins à se défaire des tares de l’administration réactionnaire corrompue, repue et qui pue. Mais le CNR tendra la main aux sanctionnés. Il leur offrira le rachat sous diverses formes et ainsi lorsque leurs punitions auront redressé leurs conduites ils éprouveront la joie de se retrouver travailleurs sains, productifs et fort utiles à la société.
De même, tant que tous nos compatriotes et leurs mercenaires n’auront pas compris que les privilèges des minorités sont révolus et qu’il est vain d’essayer d’envisager la reconquête des paradis anti-populaires, tant qu’ils se laisseront guider par la folie de monter à l’assaut du pouvoir populaire, nous ne pourrons faire autrement que de leur barrer la route, énergiquement. Ces insensés nous contraindront à arrêter, à emprisonner,
Nos ennemis à l’intérieur et à l’extérieur doivent savoir que tant qu’ils vont continuer les intrigues et les complots contre notre Révolution, nous aussi nous allons continuer à nous défendre légitimement. Il est trop facile de financer et d’armer des contre-révolutionnaires pour nous attaquer et se mettre à brandir les droits de l’homme, ameuter les journaux, es agences de presse et des organisations humanitaires pour nous tâcher les mains de sang par avance, sans aucune preuve. Lorsqu’on fait exploser des dépôts à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou, lorsqu’on tire sauvagement sur nos jeunes camarades qui étaient de garde, personne ne s’en émeut et personne n’en parle. Mais dès que nous répliquons, dès que nous réagissons pour sauver notre peuple et sa révolution, il se trouve partout des voix pour sonner l’alerte et déclencher le chœur des pleureuses. La comédie a assez duré. Nous jugerons et nous punirons les comploteurs à la solde des puissances d’argent qui veulent détruire notre Révolution. Cela doit être clair pour tous. Nous disons haut et fort ce que nous faisons au grand jour, face au monde. Et nous avons compris la tactique de l’ennemi. Il nous envoie des comploteurs, des assassins. Lorsque nous les arrêtons, il crie à l’atteinte aux libertés individuelles et nous envoie d’autres comploteurs.
Si nous nous taisons par respect des organisations humanitaires, il persiste et menace de nous renverser et de mettre le pays à sang. Suffit, le chantage a assez duré. Mais magna mine et fidèle à la pédagogie révolutionnaire, nous nous efforcerons d’expliquer et de convaincre. Tous les détenus seront jugés, pour profiter de l’école du peuple, reconnaître leurs fautes, les expier, se considérer avec leur peuple ou s’obstiner dans l’opposition et nous imposer d’adopter contre eux la violence. En attendant, nous réduirons les peines de nombreux détenus, libèrerons d’autres et déclarerons éteinte l’action judiciaire révolutionnaire engagée contre certains d’entre eux, des civils, des militaires, des syndicalistes détenus jusque-là coupables d’atteinte à la RDP et à l’ordre public pourront pour bon nombre bénéficier en cet anniversaire de la grâce présidentielle. Le CNR espère que chaque bénéficiaire de cette clémence partielle ou totale saura profiter de l’occasion qui lui est offerte de se racheter. Mais si d’aventure une quelconque récidive ramenait l’un d’entre eux devant les forces de sécurité, l’intéressé devra comprendre qu’il aura lui-même légitimé les graves sanctions qu’il aura à subir. Pour permettre toujours à nos femme, à nos sœurs de ne pas continuer à souffrir des désordres des hommes, nous ferons en sorte que les salaires cessent d’être la seule propriété de l’homme pour devenir une propriété familiale. L’Etat ne contraint personne au mariage, mais exige que celui qui fonde un foyer assume ses responsabilités. Nous devons nous mettre à la place de nos hommes et de nos enfants. Il y a des hommes qui transforment leurs femmes en bonne à domicile, leur refusant cependant jusqu’au salaire de bonne, et dissipent en futilités, l’argent destiné au foyer. Ce qui du point de Vue de la morale simple est amoral, et pour la RDP inacceptable. C’est pourquoi, les mesures sont étudiées pour permettre aux femmes de recevoir de leur mari par l’intermédiaire du gouvernement, ce que nous allons appeler le "salaire vital".
Nous attendons de nos artistes qu’ils rehaussent nos valeurs traditionnelles et singulièrement des musiciens, nous attendons une intégration des instruments traditionnels à leur ensemble moderne et une maîtrise d’un riche répertoire de musique bien de chez nous.
Camarades militantes et militants de la RDP en ce deuxième anniversaire de notre révolution, je voudrais en votre nom à tous redire au monde entier les idéaux de paix, de liberté et d’amitié qui nous animent. Soucieux de pratiquer le voisinage dynamique et positif avec ceux de nos voisins qui nous entourent, nous multiplierons les démarches fraternelles, privilégierons le dialogue pour faire échec aux manœuvres divisionnistes, néo-balkanisantes.
Notre foi en l’unité africaine se consolide davantage au regard des problèmes politiques, socio-économiques qui démontrent que nous n’avons qu’une alternative à propos de l’Afrique face à l’impérialisme: mourir chacun de son côté ou résister, survivre et vaincre ensemble. Notre Révolution communie avec les autres Révolutions sœurs en comprenant et en se préparant à assumer sa part de responsabilité dans l’internationalisme libérateur. En attendant d’achever notre mandat de membre du Conseil de sécurité des Nations-unies, nous ne faillirons jamais à la mission de défenseur du droit des peuples contre la barbarie et la sauvagerie aveugle des bâtes et bruts, de la confrérie internationale des Belzebuth. Nous Sommes fiers et heureux que le peuple Sahraoui chaque jour davantage affirme ses droits, quand en Afrique Australe, les forces patriotiques par leurs assauts répétés commencent à mettre la monstruosité blanche le dos à la mer et à préparer contre elle l’halali.
Nous renouvelons notre soutien au peuple palestinien et à sa direction de lutte qu’est l’OLP dans sa résistance farouche contre le sionisme.
Cet anniversaire que nous célébrons avec les acquis politiques et idéologiques qui s’en dégagent nous confortent dans notre marche à la rencontre de la révolution ghanéenne pour une union qui fait son chemin au mépris des tentatives de blocage développées par l’impérialisme et ses petits servants locaux bavant de rage.
La fête va commencer, je voudrais exprimer la gratitude et la solidarité du peuple burkinabé à tous les étrangers qui, vivant chez nous ou hors de notre Faso subissent dans le silence de leur intime conviction les attaques, les sarcasmes et les pressions diverses pour briser en eux l’élan de générosité, de solidarité et de communion ascendante avec la lutte de notre peuple. Ils ont contribué à la caisse de solidarité, posé leur part de rail, planté les arbres avec nous. Ils ont été insultés. Ils n’ont pas répondu. En saluant leur constance, je voudrais leur dire que désormais, nous séparerons l’ivraie du bon grain. Cette ivraie là a rongé notre confiance et épuisé notre patience, déclenché notre colère. Désormais nous ne nous tairons plus devant les calomnies et les sournoises manœuvres de la vermine
Peuple du Burkina, chers frères et sœurs,
Comment ne pas vibrer à l’unisson, marcher à la cadence du pas bloqué avec ces milliers de militants qui dans nos villes et nos campagnes se sont mobilisés pour célébrer deux ans de succès, deux ans d’un test merveilleusement réussi qui donne le droit de défier’ gaillardement et témérairement l’avenir et ses embûches! La parade à laquelle nous allons assister tout à l’heure ne sera rien de moins qu’une procession à la gloire de notre Faso nouveau, et la marche radieuse vers ce que la RDP nous réserve. Cette année, nous avons retenu le double thème de l’arbre et de la mobilisation populaire. Le reverdissement de notre patrie sera une réalité parce que notre peuple l’a décidé. Et chaque jour qui passe, sa main féconde caresse une terre nourricière généreusement entrainée dans la dynamique du succès sans fin de la RDP.
La mobilisation pour la défense populaire verra les femmes. Et nos femmes coquettement drapées de leurs beaux uniformes, et redoutablement équipées de leurs armements n’expriment rien de moins non plus que cette synthèse heureuse dont la RDP et sa politique de bon voisinage ont le secret. Il s’agit de la rencontre de Venus et de Mars, oui cette tendresse d’amour, de pacifique et conciliante mère, fille ou amante conseillera toujours la paix et la concorde entre les peuples. Mais si quelque oligarchie décadente ou acculée par les masses populaires en révolte, nous provoquait, nous, eh bien, notre vigilance ne sera pas prise en défaut. Car nos femmes d’abord, les autres ensuite ce serait une levée en masse de tout un peuple; deux années de Révolution ayant rendu possible au Burkina Faso l’heureuse et permanente alliance des professionnels des armes du peuple des profondeurs conduites par les amazones des temps modernes qui tout à l’heure descendront le boulevard de l’indépendance, guerrières au doux sourire, et grâces séduisantes de furieuses résolutions.
Camarades militantes et militants de la RDP, mes chers frères et sœurs du Burkina, je ferme ces pages par un retour au sport, notre Kadiogo nous ayant déjà installé dans la trilogie d’une noria de buts et de victoires depuis le début des festivités. Et c’est pourquoi pour l’An III et pour les années à venir, le Conseil national de la révolution a décidé en faveur des masses populaires la suppression, l’extinction totale des arriérés d’impôts que certains de nos frères continuent à payer lourdement et de façon traumatisante. C’est pourquoi en faveur de l’ensemble du peuple burkinabè dont la discipline et la vigilance sont notre principale garantie contre les attaques d’où qu’elles soient, le CNR a décidé la suppression du couvre-feu.
Camarades, comme vous le savez, il s’agit pour nous, de vivre, d’agir et de vaincre de prouver ainsi que nous savons réfuter la défaite, en susciter l’homme de la liberté contre l’homme du destin. A toutes et à tous, à tous nos amis venus de loin, bon et heureux anniversaire.
La patrie ou la mort nous vaincrons!

Capitaine Thomas Isidore Noël Sankara




Compagni della Rivoluzione democratica e popolare, prima di tutto, vorrei chiedere a ciascuno di noi di osservare un minuto di silenzio, minuto di silenzio in omaggio alla memoria dei nostri cari scomparsi, di tutti quelli che, conosciuti o sconosciuti, hanno pagato con il loro sangue affinché oggi potessimo festeggiare il II° anno della RDP.
Vi ringrazio, onorevoli invitati del Burkina Faso, rappresentanti del governo della Repubblica del Mali, rappresentanti del governo della Repubblica francese, rappresentanti della Jamahiriya araba libica popolare, rappresentanti della Repubblica del Ghana.
Cari amici, Compagni attivisti e militanti della RDP, giusto un anno fa mi rivolgevo a voi, popolo burkinabè, per portarvi il saluto militante della RDP, ripercorrevo la strada percorsa in un anno, come voi apprezzavo la determinazione e la fermezza rivoluzionaria nell’entusiasmo del Consiglio Nazionale della Rivoluzione (CNR) per annunciare nuovi approdi davanti al vasto oceano di minacce e di sforzi. Allora, non ero che convinto della giustezza della nostra causa. In quel momento ero solo certo che lo scopo della nostra rivoluzione era la rivoluzione stessa, e cioè questa ricerca costante della felicità del nostro popolo, questo crescere della vita, questa creazione continua di forme colorate, di limpidi paesaggi sulle rovine delle mura che ci tenevano prigionieri.
Il secondo anniversario della vittoria rivoluzionaria e popolare del 4 agosto 1983 segna una nuova tappa qualitativa nel nostro cammino. E’ per questo motivo che la sua celebrazione deve assumere in tutti i suoi aspetti un’ulteriore traccia di maturità e di lucidità nel nostro modo di pensare ai nostri problemi ed al nostro metodo per risolverli.
Malgrado la straordinaria mobilitazione delle nostre masse per spostare le montagne, sentivamo che avanzavamo ancora nella semioscurità dove si incrociavano i buoni sentimenti, la generosità, un mondo mal delimitato e dove spuntavano minacciosi e tuttavia pieni di attrattive, difficoltà e sacrifici che potevano essere vani.
Ma oggi, data del nostro secondo anniversario, affermiamo, a partire da questo momento, che il mondo intero ed in particolare il popolo burkinabé vedono e constatano che il primo slancio rivoluzionario dell’agosto 1983, frutto di uno sforzo che ci rende fieri e ci consola, era necessario, poiché ci ha condotto verso una maggiore luce, ha reso possibile la nostra dignità e la nostra indipendenza. L’opera costruita era utile. Ora abbiamo ragione d’essere risolutamente ottimisti.
Non si tratta semplicemente di erigere bilanci che non abbiamo nessuna voglia di sbandierare, ma della certezza acquisita nel corso di questi due anni di lotta a fianco del popolo burkinabè e dire che, ciò che è accaduto in Burkina Faso è la prova evidente che è possibile costruire un mondo nuovo, a condizione di volerlo edificare su quei cambiamenti radicali giudicati sino ad ora inimmaginabili; a condizione, anche, di riuscire a coinvolgere in queste trasformazioni la maggioranza delle persone.
È evidente che il Faso è diventato un vasto cantiere e mentre vi parlo, da qualche parte donne, uomini e bambini, mobilitati nei loro comitati di difesa della rivoluzione, stanno iniziando o finendo di costruire una scuola, un dispensario o un deposito di acqua. Vengono aperte le città del 4 agosto o del II° anno di rivoluzione, si inaugurano i negozi popolari Faso Yaar, si fanno lavori di interesse comune ecc.
Il lavoro produttivo e liberatore comincia ad essere accettato e compreso come condizione primaria e garanzia essenziale del miglioramento concreto delle nostre condizioni di vita. Noi abbiamo il diritto e il dovere di esserne fieri. Noi abbiamo il diritto e il dovere di esigere di più da noi stessi ed osare realizzare ancora di più, per trasformare le nostre condizioni materiali di vita. Ogni Burkinabè sa che oggi lavora e produce per sé stesso, per i suoi bambini e per la sua patria.
Vedendo tutto quello che resta da costruire, ciò che oggi è stato fatto, non è altro che un test positivo della nostra determinazione a rifiutare definitivamente l’ideologia di sottomissione, di mendicità e di attesa, di fatalismo che caratterizza ogni società posta sotto il dominio straniero.
Il bilancio del II° anno della RDP deve essere principalmente incentrato sulla valutazione obiettiva del grado di trasformazione dell’uomo burkinabè che deve costruire il nuovo Faso e la sua nuova società.
Fino a che punto i nostri principi e le nostre idee di giustizia, di amore, di libertà e di onestà nella ricerca legittima del benessere, sono penetrati nelle nostre coscienze? Fino a che punto questi principi e queste idee rivoluzionarie si esprimono nella nostra vita quotidiana, privata o pubblica? Fino a che punto questi principi si traducono effettivamente nelle nostre relazioni sociali e professionali, nella strada, in ufficio, in caserma e nei cantieri?
Nonostante noi gioiamo delle nostre conquiste definitivamente strappate all’imperialismo, dobbiamo tutti essere coscienti che la rivoluzione può essere altro che ritmo spezzato, sinfonia, manifestazione estetica, interessante nel suo scaturire, ma totalmente priva di significato se ricadendo su se stessa si pietrifica. Certamente, paragonato a tutti i regimi del passato, ciò che abbiamo realizzato in due anni di lavoro popolare va al di là di ogni aspettativa.
Lasciamo parlare chi ci guarda e la loro stampa, ai quali i nostri mille successi impediscono di mascherare i nostri progressi, di chiudersi nel silenzio indifferente e disonesto o di non riconoscerci i nostri meriti. Ed anche quando tentano di snaturare la realtà, quei fatti testardi, la nostra arma migliore, sono là a difenderci e, loro malgrado, gli strappano gli applausi. Ma la nostra fedeltà ai principi, affermati sia nella proclamazione del 4 agosto che nel Discorso di Orientamento Politicodel 2 ottobre 1983, avrà senso solo se riusciremo a realizzare una società in totale armonia con se stessa.
Nel Discorso di Orientamento Politico, al capitolo che riguarda “il processo rivoluzionario di tutti i settori della società burkinabè” citiamo: "la Rivoluzione di agosto non mira ad instaurare un regime in più nell'Alto-Volta. Essa rompe con tutti i regimi conosciuti finora. Essa ha come obiettivo finale l’edificazione di una società voltaica nuova nella quale il cittadino voltaico, animato da una coscienza rivoluzionaria, sarà l’artefice della sua stessa felicità, una felicità all’altezza degli sforzi che egli avrà consentito. Per questo motivo, la rivoluzione sarà, non si dispiacciano le forze conservatrici e retrograde, uno sconvolgimento totale e profondo che non risparmierà nessun campo, nessun settore dell’attività economica, sociale e culturale. Il processo rivoluzionario in tutti i campi, in tutti i settori di attività, è la parola d’ordine che corrisponde al momento attuale. Forte della linea guida così liberata, ogni cittadino, a qualsiasi livello si trovi, deve intraprendere il suo processo rivoluzionario all’interno del suo settore di attività".
La missione è tracciata. È chiara. Che cosa ne è stato della sua attuazione? Al nostro attivo abbiamo esperienze non trascurabili. Passiamone in rassegna qualcuna:

- La riforma agraria e fondiaria ha scardinato lo sfruttamento feudale ed ha ristabilito il diritto del popolo alla sua terra e quello di disporre dei frutti della sua produzione.

- Campi collettivi sono stati recentemente creati dagli impiegati della pubblica amministrazione di modo che, seppur partecipando anche in modo inesperto, uomini e donne apprendono o riprendono il lavoro della terra. Ne scoprono le gioie nascoste di cui godranno anche quando saranno in pensione, così come i nostri operatori economici interessati anche loro all’agricoltura.

- I Burkinabè hanno compreso che la conservazione della natura e la salvaguardia dell’ambiente naturale sono una necessità vitale per l’economia, in particolare il rimboscamento intensivo, l’abbandono della pratica distruttiva dei fuochi nella savana e il vagare degli animali allo stato brado che distruggono i nostri orti.

- Il mondo contadino è sempre più consultato e partecipa in maniera sempre più stretta all’esercizio del potere economico, in modo particolare determinando i prezzi dei prodotti agricoli.

- Le diverse fiere provinciali che si sono svolte nel corso dell’anno hanno rilevato le nostre immense potenzialità agro-pastorali ed industriali e sono un fattore sicuro nella promozione della nostra economia.

- Sul fronte sociale, per rispondere al problema abitativo, abbiamo costruito città e intrapreso la lottizzazione di terreni su vasta scala in tutto il territorio.

- Nel campo della salute sono state create strutture decentralizzate per facilitare e promuovere il benessere delle comunità di base. L'operazione "vaccinazione commando" resta ancora impressa nella nostra memoria come uno sforzo gigantesco e la riuscita nel sbarrare la strada alla malattia. La vaccinazione commando e la grande battaglia per la costruzione della ferrovia sono quelle audacie che solo la rivoluzione permette.

- Sul piano finanziario, in alcuni servizi è stato operato uno sforzo di risanamento, citiamo in particolare quello sulla Dogana. Lo Stato si fa carico sempre più integralmente dei suoi obblighi finanziari interni ed esterni grazie ai sacrifici consentiti da tutti, ma anche grazie ad un maggior rigore nella gestione.

- Sul fronte della giustizia, i TPR hanno imposto una nuova morale adeguata agli interessi del popolo. L’amministrazione penitenziaria è stata riorganizzata per permettere ai detenuti, forza potenziale, di diventare produttivi e di emendarsi così nei confronti la società. A Baporo 40 detenuti lavorano brillantemente 50 ettari di terreno, confermando in questo modo che è possibile costruire una morale di progresso, quando l’uomo è determinato a meritare il perdono popolare.

- Abbiamo riannodato i fili con lo sport, con il senso dello sforzo e abbiamo dimostrato la nostra volontà di rivalutare il nostro patrimonio culturale. Una delle nostre iniziative in questo senso è l’istituzione della Settimana nazionale della cultura, la 3° edizione avrà luogo a Bobo-Dioulasso all’inizio del 1986.

E se ci prendiamo la briga di trascendere i luoghi comuni ed i propositi irresponsabili che parlano di paura, se non di terrore, nei nostri servizi amministrativi possiamo dire che esistono una morale ed un’etica nuova, frutto dell’insegnamento che i Tribunali popolari della rivoluzione ci hanno aiutato a mettere in pratica.
Il funzionario responsabile, onesto e coraggioso, è fiero di essere stato ieri, e di rimanere ancor oggi, moralmente pulito. Va e viene in tutta libertà, cammina a testa alta, dimostrando di essere un lavoratore esemplare, degno e rispettato nella nostra società. Si diverte ad ascoltare la radio durante i processi, con la coscienza tranquilla, non teme in alcun modo di essere citato a comparire. Ed anche se lo fosse, si precipiterebbe con fierezza davanti ai giudici per contribuire all'emergere della verità, rivelando i sordidi sotterfugi degli ingordi di ieri.
Molti Burkinabè sono oggi felici che, indirettamente, attraverso i TPR (Tribunali Popolari della Rivoluzione), l’integrità morale, l’umiltà, il rispetto della cosa pubblica ora siano onorati. Quelli che un tempo erano oggetto di scherno perché si rifiutavano di cantare in quel coro della gang della cupidigia, dell’irresponsabilità e dei vizi di ieri, oggi sono felici.
Invece, quelli che non hanno la coscienza tranquilla perdono il sonno e cercano il primo orecchio compiacente e complice per bisbigliare “tutti hanno paura, non se ne può più, non si può più lavorare in pace, si licenzia senza motivo ed è il terrore”.
Ma dobbiamo continuare, e continueremo, ad epurare l’amministrazione da tutti quelli che vogliono essere pagati a non fare nient’altro che cercare la maniera di derubare, sviare i beni del popolo.
Ricordiamoci di quel funzionario che, davanti ai TPR (Tribunali Popolari della Rivoluzione) diceva sfacciatamente che, quando arrivava ad Ouagadougou per versare le tasse dei contadini al Tesoro, iniziava facendo un giro al bar. Questi giri gli hanno fruttato la modica cifra di 9 milioni di franchi CFA sottratti all'erario. Non solo ruba il denaro e lo dilapida, ma adduce a pretesto di avere una famiglia numerosa da sfamare per attirare la pietà del tribunale e dell’opinione pubblica. E i contadini ai quali si è rubato questo denaro? Sono sette milioni, e li si vuole porre a paragone con una sola famiglia per giustificare il fatto di averli taglieggiati fino all’ultimo centesimo? La commiserazione che suscita la sventurata famiglia di questa persona licenziata non può far dimenticare la pietà che è dovuta a tutto un popolo, vittima della privazione che questo irresponsabile gli impone.
La nostra società sta maturando la coesione ed i Burkinabè cominciano a comprendere e ad accettare la necessità della solidarietà al di là del piccolo nucleo familiare, tribale o di villaggio.
Quando i bambini di Ouagadougou o le donne di Orodara fanno una colletta per aiutare i sinistrati di Gorom-Gorom o di altri posti, questo è un segno che non inganna. Ogni giorno che passa noi diventiamo dei veri fratelli, gli uni per gli altri.
Quando i militanti del CDR venuti da diverse province costruiscono il canale di Sourou o posano le rotaie per la ferrovia del Sahel, non pensano più alla loro regione o alla loro provincia di origine. Pensano al Faso intero, al suo progresso, al suo sviluppo, al benessere di tutti suoi figli.
La nobiltà di tutti questi gesti e di tutte queste azioni collettive, l’entusiasmo nel lavoro e la fierezza di costruire nel sacrificio e nella sofferenza fisica, devono darci ogni giorno molta più fiducia nell’avvenire, perché impariamo a contare sulle nostre proprie forze, unite, orientate verso la ricerca di una felicità legittima e giusta. Si sentono sempre meno voci pigre, abituate a tendere la mano verso gli altri paesi per ottenere il cibo, spesso oggetto di vergognose speculazioni e di ricatti meschini, sia al nostro interno che tra noi ed i paesi stranieri.
Qualunque fossero state le misure da prendere e per quanto terribili esse fossero, per la felicità di tutti queste misure andavano prese. Noi le abbiamo prese. Ma questo è anche certamente il luogo dove dire quanto dolore abbiamo provato nello stabilirle. Quanta sofferenza abbiamo provato nel corso dell’anno nei confronti di centinaia di famiglie scosse nelle loro abitudini, spinte a cambiare la loro mentalità ed obbligate ad operare adeguamenti psicologici dolorosi, per vivere al livello reale del nostro paese.
Insieme, abbiamo fatto molte cose, piccole e grandi realizzazioni. Ma non vogliamo stilare qui un catalogo dei successi. E se abbiamo motivi di gioia, ci tocca illuminare anche le zone d’ombra, per meglio conoscerle e per ridefinire il nostro incedere rivoluzionario.
Compagni, voi l’avete notato, al posto di una litania di successi materiali, qui ho voluto riferire ciò che mi pareva avesse più colpito lo spirito dei Burkinabè, per sviluppare questa mentalità nuova, condizione "sine qua non" di ogni processo rivoluzionario. Al posto dei dispensari e depositi farmaceutici noi potremo anche realizzare immensi ospedali, complessi e sofisticati. D'altronde il progresso, quello vero, non sarà raggiunto fino a che anche l’uomo non sarà stato trasformato.
La società nuova esige mentalità nuove. Ed è per questo motivo che occorre dedicarsi coraggiosamente ad un esame dei nostri due anni di RDP senza compiacimento. Che cosa merita d’essere cambiato nelle nostre abitudini, nel nostro modo di essere rivoluzionari?
Innanzitutto il potere popolare: il diritto principale della RDP si esercita in modo insufficientemente corretto. È il caso dei CDR geografici. Come conseguenza dei vari gradi di maturità politica, sono rapidamente comparsi il soggettivismo e gli abusi. E’ così che le vessazioni, le frustrazioni, le varie contrarietà, hanno macchiato il dialogo di costruzione nazionale tra i CDR e le persone che ancora esitavano nei confronti della RDP. Quando poi si sono aggiunti veri accidenti ed incidenti, i nostri nemici hanno avuto forza e quantità d’acqua al loro mulino di denigrazione, di avvelenamento contro di noi. La rivoluzione non è un garden-party di damerini snob dai guanti bianchi! Nel III° anno della RDP dovremo correggere seriamente questi smarrimenti per i quali adduciamo mille scuse. Occorrerà estirpare dai ranghi dei nostri CDR gli avventurieri, gli impostori ed i “tartufi” opportunisti, i situazionisti ; essi sono incapaci di una lotta coerente.
E’ dai loro ranghi che escono gli amanti del neo-feudalesimo, del trionfalismo, ed i fraseologici ambiziosi che esercitano il potere come un diritto dinastico. La loro preoccupazione rivoluzionaria si riduce ad assicurarsi strette relazioni a livello dei dirigenti più altolocati. Questi signori della guerra, questi ex-combattenti dell’ultimo show dello spettacolo reazionario del “votate per me” dovranno essere presi, formati, trasformati.
Riguardo ai CDR di servizio, si dovranno apportare vigorose correzioni. Dopo aver deviato dai nostri CDR, alcuni attivisti di oggi hanno scoperto il potere di questa struttura. Specialisti dello slalom gigante, non hanno esitato a cambiare furbescamente i loro capi tante volte quante è loro servito per ritrovarsi nei ruoli dirigenziali dei CDR di servizio. Bisogna denunciare apertamente il loro equilibrismo e la loro abilità nel mascherare i loro appetiti piccolo-borghesi, appetiti che tuttavia sono loro stessi i primi a denunciare. Coloro che utilizzano il CDR di servizio per assicurarsi una promozione folgorante, una posizione di intoccabile nei servizi ed un mezzo per il regolamento dei conti, dovranno essere rieducati oppure cacciati. Incapaci di assicurare coraggiosamente le misure rivoluzionarie che contribuiscono a fare adottare, si perdono in demagogia e codardia ad ogni difficoltà.
E’ per questo motivo che spesso essi temono di pronunciarsi su questioni delicate di litigio, o sulla loro valutazione. Altri, con sproloqui invadenti, costituiscono dei veri blocchi per paralizzare i servizi. Questi individui dovranno cedere il posto ai veri e combattivi CDR.
Sul piano militare, la noncuranza, il piacere facile al vizio, il pretesto della mancanza di mezzi, devono cedere il posto ad un spirito spartano ancora insufficiente, malgrado i salti di qualità compiuti nell’acquisizione di un migliore valore operativo.
Alle forze dell’ordine militare e paramilitare occorre dire con insistenza che l’agente di sicurezza rivoluzionario non ha più niente a che fare con il barbaro ubriacone repressivo e disumano di ieri. Al contrario, la cortesia, l’amabilità, la generosità e l’assenza di vanità toglieranno definitivamente quell’immagine repulsiva alle nostre forze di sicurezza pubblica, senza diminuire in alcun modo la loro fermezza e la loro vigilanza.
Nella nostra amministrazione, malgrado i successi incontestabili, troviamo qua e là burocrazia néocoloniale, pigrizia, ritardi, assenteismo, incompetenza e mancanza di spirito d’iniziativa che si traducono nell’ossessione per i regolamenti. Al posto di mettere i regolamenti a servizio del popolo, alcuni funzionari fanno il contrario: pongono il popolo al di sotto dei regolamenti. Utilizzano i regolamenti per combattere gli interessi delle masse e chiedere bustarelle. Il nepotismo e il traffico di tangenti sono ancora presenti nella nostra amministrazione.
Alcuni dirigenti cercano di creare una nomenklatura ed esigono di essere circondati da tutto un insieme di norme e protocolli per evitare le critiche e il confronto con le masse. È la strada dell’imborghesimento che ci tende la mano, attraverso lo spirito della superficialità e la mancanza di rigore rivoluzionario nella vita privata e pubblica.
Se, per favorire la creazione, è stato necessario lasciar libero corso alla fermentazione degli spiriti senza alcun ostacolo, la forza sta nel riconoscere che l’improvvisazione è ancora una componente troppo importante del nostro metodo di lavoro. Per una volta abbiamo voluto procedere rapidamente, forse troppo rapidamente. La macchina è stata sottoposta a grave prova. Ma cosa vuol dire andare troppo veloci quando si hanno ventitre anni di ritardo da colmare!? Lo scoraggiamento e l’esitazione hanno talvolta turbato la nostra marcia, questo non è normale, perché la RDP è audacia.
Esistono ancora molti difetti, carenze e anche comportamenti molto gravi nella gestione del potere popolare. La mancata osservanza del centralismo democratico non è da meno. Bisogna dirlo, ed incoraggiare i militanti a parlare di queste mancanze. Bisogna smascherarle. I rivoluzionari non hanno paura di riconoscere le loro debolezze e i loro difetti, anche di fronte ai nostri avversari e ai nostri nemici. È il solo modo di assumersi l’impegno di combattere pubblicamente questi difetti.
In rapporto con gli alti responsabili, esistono ancora compagni che sfruttano in modo disonesto la fiducia del CNR per dedicarsi ai traffici di tangenti, ad intrallazzi per piazzare in qualche posto una sorella, una cugina o un amico personale. Questo non è normale. Bisogna denunciare coraggiosamente queste pratiche per avanzare nella via rivoluzionaria, riuscire nel nostro lavoro di trasformazione delle mentalità e costruire una società nuova.
Ma, che non ci si sbagli. Il mio proposito non è né una constatazione di fallimento, né di amarezza. Rivoluzionario, io non faccio che applicare un principio così caro a tutti quelli che ogni giorno si affidano alla convincente chiaroveggenza e al rigore dell’organizzazione di Lenin. Non diceva forse che la pratica della critica e dell’autocritica sono il criterio migliore per apprezzare la serietà di un’organizzazione!? E se mi sono deciso a dirvi pubblicamente ciò che penso è perché so che non verrebbe a nessuno l’idea di pretendersi più a posto di noi.
Paese degli uomini integri, noi bracchiamo i cittadini per una scodella di riso rubata quando altrove la triste moda degli ufficiali che derubano gli aiuti alimentari continua impunemente ad avvenire. Tutti sanno che il fatto di non avere un centesimo in tasca spesso conduce un uomo in prigione, mentre altrove si volatilizzano i miliardi come in un romanzo di una sarabanda burlesca di sanguisughe. Le nostre misure draconiane sono state imitate altrove, ma sono state applicate in modo impopolare. Perché, anche se ci hanno ignorato in quanto autori, ciò che a noi importa è difar emergere che, mentre qui i sacrifici giovano al popolo e ad esso soltanto, i nostri imitatori destinano i profitti procurati dallo sforzo del popolo alla loro oligarchia. Disgrazia agli imitatori!
Compagni; il III° anno della RDP si annuncia per noi sotto gli auspici di una fiducia creatrice. Abbiamo arato ed abbiamo seminato, la mietitura è promettente, ma i granai si riempiranno solamente se portiamo avanti i nostri sforzi fino alla fine. Sarebbe prematuro ascoltarsi e pensare ad una pausa. Questo abbandono momentaneo nella nostra corsa finale potrebbe annullare il nostro lavoro di due anni; allora sarà chiesto a ciascuno di non distendere affatto i suoi muscoli. Il PPD che stiamo per terminare, la redazione del piano quinquennale che finiremo a breve, il bilancio 1986 che elaboreremo nei prossimi giorni, saranno le migliori opportunità per enunciare le trasformazioni materiali per le quali ci impegneremo durante il III° anno e negli altri anni a venire.
Per ora, mi limiterei ad indicarvi il comportamento che adotteremo durante il III° anno della RDP. Dal più piccolo gesto insignificante alla decisione più o meno importante, tutto si sposa armoniosamente per costruire l’intera veste della nostra futura identità.
La battaglia per un Burkina verde che ha esordito al ritmo di un’intensa mobilitazione dovrà proseguire.
La vittoria nelle tre lotte e cioè: la lotta contro il vagare degli animali allo stato brado, la lotta contro il disboscamento selvaggio, l’azione di riforestazione, questa vittoria si otterrà e si garantirà solamente se ogni Burkinabè acquisisce, come riflesso automatico, un atteggiamento di protezione della natura. E’ per questo motivo che, oltre ad invitare ciascuno ad intraprendere un'attività agricola, vorrei invitare soprattutto ogni casalinga a fare un orto a casa, di qualsiasi dimensione esso sia. Il recupero delle acque consumate le permetterà la produzione di verdure aggiuntive ed offrirà ad ogni bambino delle città, l’opportunità di occuparsi e curare le piante. Ricordo a tutti la parola d’ordine “un boschetto in ogni villaggio“ e le pianificazioni di spazi verdi nelle città. A proposito delle nostre città, invito tutti all’uso massiccio di calce bianca che, oltre al suo potere asettico, ha il vantaggio di abituare molto velocemente lo spirito di ognuno al rispetto della pulizia, del candore e dell’ordine.
Nei settori, nei villaggi, il livello dei CDR e dei loro responsabili sarà giudicato in parte ed in funzione del rispetto di queste parole d’ordine. Prendiamo l’impegno di non sputare più nei luoghi pubblici per non indisporre altre persone ed evitando così il diffondersi delle malattie. Utilizziamo pattumiere in ogni famiglia e rispettiamo quelle che saranno poste nei luoghi pubblici.
Ciascuno dovrà sforzarsi di costruirsi una casa o di avere il suo appartamento alla SOCOGIB. Per garantire da una parte l’efficacia dell’utilità dei nostri CDR e dall’altra quella degli agenti di stato, sarà creata una struttura: attraverso il CNR si riceveranno le critiche e i suggerimenti che ciascuno vorrà esprimere. Questa struttura avrà modo di conoscere il comportamento degli agenti dello stato la cui mediocrità penalizza militanti innocenti. Il 10% di questi agenti concentrati ad Ouagadougou saranno mandati in provincia, dove gli alti commissari non mancheranno di apprezzare il loro talento e la loro utilità.
Poiché vogliamo una società sana, equilibrata, sicura sulle sue gambe, fresca nello spirito e nel corpo, la RDP ha deciso di introdurre lo sport a tutti i livelli della vita del paese. Lo sport riguarderà dunque tutti gli edifici scolastici delle città e delle campagne, tutti i ministeri, tutte le strutture amministrative pubbliche e parastatali.
Noi vogliamo un popolo equilibrato, disponibile, che abbia spirito di squadra, senso del fair-play, dell’apertura e della comunicazione. È stato deciso quindi che lo sport sarà al centro di tutte le preoccupazioni dei Burkinabè. Ogni agente dello stato burkinabè sarà giudicato non solo in funzione delle sue competenze, ma anche dell’interesse che dedica allo sport. Lo sport giocherà nel suo avanzamento professionale, in una parola giocherà nella sua vita. Abituandoci a superare noi stessi ad ogni prova, lo sport coltiverà in noi lo spirito combattivo.
La società ideale alla quale aspiriamo è lontana dall’essere raggiunta. Per questo motivo continueranno ancora ad esistere sanzioni amministrative di avvertimento, di sospensione, di trasferimento e di licenziamento. Questo perché esistono ancora funzionari poco inclini a disfarsi delle tare dell’amministrazione reazionaria corrotta, disgustosa e puzzolente. Ma il CNR tenderà la mano a chi verrà sanzionato. Offrirà loro il riscatto sotto diverse forme e così, quando le sanzioni avranno emendato la loro condotta, proveranno la gioia di ritrovarsi lavoratori sani, produttivi e utili alla società.
Allo stesso modo, fino a quando tutti i nostri compatrioti ed i loro mercenari non avranno compreso che i privilegi delle minoranze sono superati e che è vano provare a pensare ad una riconquista dei paradisi antipopolari, fino a quando si lasceranno ancora guidare dalla follia di assaltare il potere popolare, noi non potremo far altro che sbarrar loro la strada, energicamente. Questi insensati ci costringeranno a fermarli e ad incarcerarli.
I nostri nemici interni ed esterni devono sapere che, finché continueranno gli intrighi ed i complotti contro la nostra Rivoluzione, anche noi continueremo legittimamente a difenderci. È troppo facile finanziare ed armare i controrivoluzionari per attaccarci ed invocare i diritti dell’uomo, agitare i giornali, le agenzie di stampa e le organizzazioni umanitarie per giudicarci colpevoli in anticipo, senza alcuna prova. Quando si fanno esplodere i depositi a Bobo-Dioulasso ed a Ouagadougou, quando si spara selvaggiamente sui nostri giovani compagni di guardia, nessuno si commuove e nessuno ne parla. Ma appena replichiamo, appena reagiamo per salvare il nostro popolo e la sua rivoluzione, si trova ovunque chi suona l’allerta e scatena i cuori sensibili. La commedia è durata abbastanza. Giudicheremo e puniremo i cospiratori al soldo dei potenti che vogliono distruggere la nostra Rivoluzione. Questo dev’essere chiaro a tutti. Noi diciamo forte ciò che facciamo, alla luce del giorno, davanti al mondo. E abbiamo compreso la tattica del nemico. Ci invia i cospiratori, gli assassini. Quando li fermiamo, grida all’attentato, alle libertà individuali e ci manda altri cospiratori.
Se tacciamo, per rispetto alle organizzazioni umanitarie, l'azione persiste e minaccia di rovesciarci e di mettere il paese a ferro e fuoco. Basta! Il ricatto è durato abbastanza. Ma generosi e fedeli alla pedagogia rivoluzionaria, ci sforzeremo di spiegare e di convincere. Tutti i detenuti saranno giudicati perché possano approfittare della scuola del popolo, riconoscere i loro errori, espiarli, considerarsi con il loro popolo, oppure ostinarsi nell’opposizione e costringerci ad adottare contro di essi la violenza.
Col tempo, ridurremo le pene di molti detenuti, ne libereremo altri e dichiareremo conclusa l’azione giudiziaria rivoluzionaria impegnata contro alcuni di loro. Civili, militari, sindacalisti sino ad allora detenuti, colpevoli di attentato alla RDP ed all’ordine pubblico, potranno in molti beneficiare in questo anniversario della grazia presidenziale. Il CNR spera che ogni beneficiario di questa clemenza parziale o totale sappia approfittare dell’opportunità che gli è offerta per riscattarsi. Ma se per caso una qualsiasi recidiva riportasse uno di loro davanti alle forze di sicurezza, l’interessato dovrà comprendere che avrà legittimato da sé le gravi sanzioni che dovrà subire.
Per permettere sempre alle nostre donne, alle nostre sorelle di non continuare a soffrire dei disordini degli uomini, faremo in modo che gli stipendi smettano d’essere di sola proprietà dell’uomo per diventare una proprietà familiare. Lo stato non costringe nessuno al matrimonio, ma esige che chi fonda una famiglia si assuma le sue responsabilità. Dobbiamo metterci al posto dei nostri uomini e dei nostri bambini. Ci sono degli uomini che trasformano le loro donne in domestiche a domicilio, rifiutando loro tuttavia persino lo stipendio di domestica e dissipano in futilità il denaro destinato alla famiglia. Questo, che del punto di vista della semplice morale è amorale, per la RDP è inaccettabile. Per questo motivo sono studiate misure per permettere alle donne di ricevere dal loro marito, tramite il governo, ciò che noi chiamiamo "salario vitale".
Noi ci aspettiamo dai nostri artisti che risollevino i nostri valori tradizionali e da ogni musicista un’integrazione degli strumenti tradizionali con quelli moderni e la padronanza di un ricco repertorio della nostra musica.
Compagne e compagni militanti della RDP, in questo secondo anniversario della nostra rivoluzione vorrei a nome di tutti voi ribadire al mondo intero gli ideali di pace, di libertà e di amicizia che ci animano. Preoccupati di praticare un vicinato dinamico e positivo con quanti ci circondano, moltiplicheremo i passi fraterni, privilegeremo il dialogo per fare fallire le manovre divisioniste, la neo balkanizzazione. La nostra fede nell’unità africana si consolida ancor più in rapporto ai problemi politici, socioeconomici e ci dimostra che, nei confronti dell’imperialismo, noi, riguardo all’Africa, abbiamo solo un’alternativa: morire ciascuno per proprio conto o resistere, sopravvivere e vincere insieme. La nostra Rivoluzione comunica con tutte le altre Rivoluzioni sorelle, comprendendo e preparandosi ad assumere la sua parte di responsabilità nell’internazionalismo liberatore. In attesa che termini il nostro mandato di membro del Consiglio di Sicurezza delle Nazione Unite, non mancheremo mai alla missione di difensore del diritto dei popoli contro la barbarie e la ferocia cieca della confraternita internazionale di Belzebù.
Siamo fieri e felici che il popolo Sahraoui ogni giorno di più affermi i suoi diritti, quando in Africa Australe le forze patriottiche con i loro assalti ripetuti cominciano a mettere la mostruosità bianca con la schiena al mare ed a preparare contro di lei l’hallali.
Rinnoviamo il nostro sostegno al popolo palestinese ed all’OLP che ne dirige la lotta e alla sua resistenza feroce contro il sionismo.
L’anniversario che celebriamo con la libertà dei diritti politici ed ideologici rinforza la nostra marcia verso la rivoluzione e verso un’unione con il Ghana, che si fa strada a dispetto dei tentativi di blocco messi in atto dall’imperialismo e dai suoi servi locali che sbavano di rabbia.
La festa sta per iniziare, vorrei esprimere la gratitudine e la solidarietà del popolo burkinabé a tutti gli stranieri che vivendo da noi o fuori dal nostro Faso e che subiscono, nel silenzio della loro intima convinzione, gli attacchi, il sarcasmo e diverse pressioni tese a spezzare lo slancio di generosità, di solidarietà e di comunione che cresce con la lotta del nostro popolo. Hanno contribuito alla cassa di solidarietà, hanno posato la loro parte di rotaia, con noi hanno piantato gli alberi. Sono stati insultati. Non hanno risposto. Salutando la loro costanza, vorrei dir loro che oramai separeremo la pula dal grano. Quella pula, che ha roso la nostra fiducia ed esaurito la nostra pazienza, ha scatenato la nostra collera. Ormai non taceremo più davanti alle calunnie, alle ipocrite manovre dei parassiti.
Popolo del Burkina, cari fratelli e sorelle, come non vibrare all’unisono, camminare al passo cadenzato con migliaia di militanti che, nelle nostre città e nelle nostre campagne si sono mobilitati per celebrare due anni di successo, due anni di un test meravigliosamente riuscito, che dà il diritto di sfidare valorosamente e temerariamente l’avvenire e le sue insidie!
La parata alla quale stiamo per assistere non sarà niente di meno che una processione alla gloria del nostro nuovo Faso, e la marcia radiosa verso ciò che la RDP ci riserva. Quest’anno, abbiamo ricordato il doppio tema dell’albero e della mobilitazione popolare.
Rinverdire la nostra patria sarà una realtà perché il nostro popolo l’ha deciso.
Ed ogni giorno che passa, la sua mano feconda accarezza generosamente una terra nutritiva trascinata nella dinamica del successo senza fine della RDP. La mobilitazione per la difesa popolare vedrà le donne. E le nostre donne orgogliose nelle loro belle uniformi, equipaggiate con la sicurezza delle loro armi, esprimono questa sintesi felice di cui la RDP e la sua politica di buon vicinato hanno il segreto. Si tratta dell’incontro di Venere e Marte. Sì, questa tenerezza d’amore, di pacifica e conciliante madre, ragazza o amante consiglierà sempre la pace e la concordia tra i popoli. Ma se qualche oligarchia decadente o spinta da masse popolari in rivolta, ci provocasse, ebbene per quanto ci riguarda, la nostra vigilanza non saprà mancare. Poiché innanzi tutto le nostre donne, le altre in seguito, saprebbero far sollevare in massa tutto un popolo; due anni di Rivoluzione hanno reso possibile in Burkina Faso la felice e permanente alleanza dei militari del popolo condotti dalla profondità di queste amazzoni dei tempi moderni, che ora scenderanno il viale dell’indipendenza, guerriere dal dolce sorriso e dalle grazie seducenti di furiose audacie.
Compagne e compagni militanti della RDP, miei cari fratelli e sorelle del Burkina, termino queste pagine con un ritorno allo sport, in onore del nostro Kadiogo che, dall’inizio dei festeggiamenti, ci ha già piazzato nella trilogia delle vittorie. Ed è per questo che per il III° anno e per gli anni a venire, il Consiglio Nazionale della Rivoluzione ha deciso a favore delle masse popolari la soppressione, l’estinzione totale degli arretrati delle tasse che alcuni nostri fratelli stanno continuando a pagare pesantemente ed in modo traumatizzante. Per questo motivo a favore di tutto il popolo burkinabè, la cui disciplina e vigilanza sono la nostra principale garanzia contro ogni attacco da qualsiasi parte arrivi, il CNR ha deciso la soppressione del coprifuoco.
Compagni, come voi sapete, per noi si tratta di vivere, agire e vincere, di provare in questo modo che noi sappiamo opporci alla sconfitta, facendo nascere l’uomo della libertà contro l’uomo del destino. A tutte e a tutti, a tutti i nostri amici venuti da lontano, un buono e felice anniversario.
Patria o morte vinceremo!

Capitaine Thomas Isidore Noël Sankara

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